Notre Histoire

 

Histoire de RIMpro

 

RIMpro a été développé dans les années 90 par Marc Trapman. Marc n’avait pas de formation particulière dans la construction de modèles mais était (et est toujours !) un agronome chevronné. Son idée était que, quelle que soit la technique ou le code utilisé, un modèle doit être aussi précis que possible, et le résultat doit être facile à comprendre et utile pour améliorer les décisions en matière de protection des cultures.

En tant que consultant, il a travaillé sur la protection intégrée des cultures dans l’ancien verger expérimental « De Schuilenburg » près de Wageningen. C’est là qu’il a commencé à étudier la littérature scientifique sur la protection des cultures dans les agro-systèmes. Grâce à son travail de conseiller en arboriculture, il a pu identifier les informations essentielles pour que les producteurs prennent des décisions efficaces en matière de protection des cultures, et identifier ce qui relève du possible ou de l’irréalisable à l’échelle d’une exploitation.

Des étudiants de l’université de Wageningen, travaillant à De Schuilenburg, développaient à l’époque dans le cadre de leurs études des modèles simples sur les insectes. Cela l’a incité à apprendre le codage pour créer des outils qui lui permettaient de donner des conseils plus précis aux arboriculteurs et de minimiser l’utilisation de pesticides.

En 1999, Marc a étendu son champ d’action de la lutte intégrée à la production biologique. Compte tenu de l’efficacité limitée des PPP biologique et de la fenêtre d’intervention réduite pour ces produits, les modèles sont devenus la clé d’une gestion efficace des ravageurs et des maladies en production fruitière biologique.

À la fin des années 80, Marc et quelques bons collègues avaient l’habitude de faire une tournée européenne annuelle pour rendre visite aux principaux scientifiques en protection des cultures fruitières afin de discuter de leurs dernières découvertes et idées. En revenant d’un de ces voyages, ils ont conclu que tous les producteurs de fruits et les consultants ne peuvent pas être des experts en matière de tavelure. Il y a tellement d’informations détaillées sur la biologie de l’infection à prendre en compte pour estimer la situation, qu’il est impossible de toutes les partager dans un bulletin destiné à un producteur de fruits. De même, il n’est pas possible de poser des pièges à ascospores pour compter les spores dans chaque région. Par ailleurs, à partir du moment les spores éjectées ont été dénombrées, il est trop tard pour réagir.

L’idée de RIMpro était née. Toutes les informations permettant d’interpréter une situation devraient être transmises par un programme informatique. Le cultivateur ne devrait recevoir qu’une présentation claire de la situation et être conseillé sur la manière d’agir. En 1991 et 1992, Marc a écrit le premier code et l’a comparé avec des données de piégeage d’ascospores provenant d’Italie, de Suisse et du sud de l’Allemagne. En 1993, il a fait une présentation sur ce sujet lors de l’atelier sur les maladies des vergers organisé par l’OIBC à Lofthus, en Norvège.

Aujourd’hui, 30 ans plus tard, la plateforme RIMpro offre non seulement un modèle de tavelure du pommier, mais également des modèles pointus pour tous les ravageurs et maladies clés en arboriculture et en viticulture.

 

RIMpro a été repris en janvier 2021 par le groupe français Albatros. Raphaël Neve est le nouveau propriétaire de RIMpro et, avec Julien Guerrier, ils se concentrent sur le travail de codage. Fanny Le Berre, qui connaissait déjà Marc depuis quelques années, est la nouvelle agronome spécialisée en arboriculture et viticulture.

 

Les prises de décision en protection des cultures

La mission de RIMpro est de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires et d’autres intrants en agriculture, en optimisant les décisions sur les produits à appliquer et le moment de leur application.

Dans leurs décisions quotidiennes concernant la protection des cultures, les producteurs n’utilisent qu’une fraction des informations dont ils disposent. Les expériences passées et les résultats de plus d’un siècle de recherche scientifique ne sont pas facilement accessibles pour ceux qui sont responsables des décisions pratiques. Les informations sont trop fragmentées, trop détaillées ou trop complexes et trop contradictoires pour être d’une aide pratique. Les publications semblent être destinées à la communication entre scientifiques, et non à une utilisation « descendante » pour améliorer le raisonnement sur le terrain. Pour la plupart des producteurs et des consultants, l’expérience personnelle est le guide le plus important, et les réflexions ne sont basées que sur les années récentes.

En 1996, Bill MacHardy a compilé et évalué toutes les informations publiées dans son livre sur la tavelure du pommier. 545 pages sur la biologie, l’épidémiologie et la gestion de cette seule maladie. Même à cette époque, le livre ne couvrait pas tous les aspects de la maladie ni toutes les publications, et nous sommes maintenant 25 ans plus tard !

La plupart des systèmes pratiques d’avertissement de la tavelure du pommier sont encore basés sur une seule publication de 1944. Les critères d’infection publiés par W.D Mills dans : Utilisation efficace des poudrages et des pulvérisations de soufre pendant la pluie pour lutter contre la tavelure du pommier. Cette situation perdure même s’il a été prouvé que la mise en œuvre des tables de Mills entraîne fréquemment de faux positifs et faux négatifs, et qu’il n’existe aucune relation entre la gravité de l’infection telle qu’indiquée par le tableau de Mills et la gravité de l’infection observée sur le terrain. Cette information est ancienne et depuis 1944, d’autres résultats de recherche importants ont été publiés qui pourraient aider à prendre des décisions plus précises.

Il en va de même pour d’autres ravageurs et maladies des cultures fruitières, et de bien d’autres cultures encore : seule une petite partie de ce qui est connu est effectivement utilisée pour optimiser la gestion des ravageurs et des maladies.

Cette situation ne s’améliore pas. La recherche appliquée, les services de conseil indépendants, gouvernementaux et non gouvernementaux, sont en déclin. Les arboriculteurs et les viticulteurs sont devenus des gestionnaires pour qui les tâches administratives prennent de plus en plus d’ampleur au détriment de l’optimisation de la protection des cultures. Les firmes phytosanitaires et les agrofournisseurs ont également pris le contrôle du flux d’informations sur la gestion pratique des ravageurs et des maladies et ont dépassé en nombre les consultants indépendants.

En général, les producteurs aiment consulter les modèles mais ne leur font pas confiance, et trouvent les prévisions météorologiques peu fiables. Chaque printemps commence par un nombre important de boutons floraux promettant une récolte abondante. À partir de cet état initial, les choses ne font que se dégrader : les insectes et les maladies peuvent déjà mitiger la situation avant la floraison, le gel réduit la floraison et porte atteinte à l’aspect des fruits, les sécheresses, les tempêtes de grêle, les insectes et les maladies mettent en péril la qualité de la récolte, et l’évolution de la conservation peut également compromettre le bilan final.

Les coûts de la protection des cultures sont faibles par rapport aux conséquences financières si les choses tournent mal. Un traitement supplémentaire pour jouer la sécurité et être serein a toujours une valeur pour non négligeable pour le producteur. C’est pourquoi le développement de modèles implique une grande responsabilité afin d’être la plus précis possible et de réellement guider le producteur dans ses interventions. Les producteurs qui utilisent RIMpro et qui ont appris à faire confiance au modèle et à le suivre obtiennent des résultats techniques égaux ou supérieurs tout en réduisant leur utilisation de pesticides.

 

« Tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles ». George E. P. Box

(chaque modèle est faux, ce qui signifie qu’il ne représentera jamais le comportement réel exact. Néanmoins, même si un modèle ne peut pas décrire exactement la réalité, il peut être très utile s’il en est suffisamment proche !).